Depuis la sortie du nouveau film de Martin Bourboulon «  Les Trois Mousquetaires », on ne parle plus que de lui. D’Artagnan, c’est un personnage haut en couleurs mais aussi un nom qui a fait couler beaucoup d’encre et de sang… C’est le fameux romancier du XIXème siècle Alexandre Dumas (1802-1870) qui sort de l’ombre le plus célèbre des mousquetaires.

Le roman historique : « Les trois mousquetaires » paraît en 1844 et connaît à sa sortie un succès fulgurant, inspiré d’ailleurs par un certain Gatien de Courtilz de Sandras (1644-1712) lui même mousquetaire et écrivain connu pour ses fameuses « Mémoires de Monsieur d’Artagnan », écrites en 1700.

Mais qui était le trépidant mousquetaire ? Mort il y a tout juste 350 ans et dont on honore aujourd’hui la disparition tragique à la prise de Maastricht, aux Pays-Bas, le 25 juin 1673. Christian CHANDON, généalogiste chez Coutot-Roehrig, vous invite sur les traces de la généalogie de d’Artagnan.

Quelles étaient ses racines et qui était en réalité ce fabuleux personnage du Grand Siècle ?

Les débuts

De son vrai nom : Charles de Batz de Castelmore ! Il voit le jour entre 1611 et 1615, peut être au château de Castelmore, à Lupiac, dans le Gers, propriété acquise par son grand-père Pierre de Batz (vers 1550-1594).

Ses racines paternelles : les Batz de Castelmore

Il est le quatrième fils de sept enfants issus de Bertrand de Batz de Castelmore( vers 1570-1655), archer dans une compagnie des ordonnances du Roi, mais aussi marchand de Lupiac. Ce dernier sera nommé gouverneur de Navarreins, dans le Béarn.Sa mère se nomme Françoise de Montesquiou d’Artaignan,Dame de Castelmore(vers 1589-1656).

Mais retrouvons les Batz de Castelmore.

Pierre de Batz de Castelmore(vers 1550-1594), seigneur de la Plaigne , le grand-père de notre mousquetaire , épouse en avril 1578 , à Lupiac(Gers) Françoise de Coussol(vers 1550-ap 1570), la fille de Jean de Coussol( vers 1530), seigneur de la Peyrie,Commissaire ordinaire des Guerres.

On retrouve parmi leurs alliances des familles issues sensiblement des mêmes provinces comme les Massas, Forges, Ferragut, Saint-Martin, Pardaillan, d’Albret ou de Bigorre.

On découvre dans cette même ascendance la maison des comtes de Gascogne auxquelles se rattachent tout naturellement les familles d’Oloron ,de Fronsac,de Périgord,d’Angoulême, d’Aragon, des Asturies ou de Rouergue.

Son ascendance maternelle : les Montesquiou

Françoise de Montesquiou, mère de notre héros est la fille de Jean de Montesquiou(vers 1555-1608)seigneur de d’Artagnan, de Barbachen, de Saint-Pastous, de Masous et d’Ansost, enseigne au régiment des Gardes Françaises de Rabastens, il épouse en novembre 1578 Paule-Claude de Bazillac de Rochechouart(vers 1560-1608), fille du baron de Bazillac , sénéchal de Nébouzan et Conseiller au Parlement de Toulouse.

Parmi , les maisons alliées aux Montesquiou, nous recensons les Tersac, les Loubié de Miglos, les Fontaines, de Galard, d’Espagne, de Castelbajac, de l’Isle, d’Aspet pour n’en citer qu’une petite liste.

Parmi d’autres ascendances prestigieuses figurent les la maison des Comtes d’Armagnac et de Fezensac.

Nous notons également d’autres alliances notoires comme celles avec les maisons de Faudoas-Barbezan, d’Aumont ou encore de Cardaillac.

Le mousquetaire d’Artagnan…

C’est un parent proche de sa mère : Jean-Armand Peyré, comte de Troisville ou Tréville (1598-1672) alors Capitaine-Lieutenant de la compagnie des Mousquetaires, qui le fait rentrer comme cadet au sein de la compagnie des Essarts, un régiment de Gardes Françaises. Ce même Tréville a d’ailleurs dans sa propre lignée maternelle la famille Aramits.

C’est également bien sous le nom de sa mère « Montesquiou d’Artaignan » que Charles de Batz se fait désormais reconnaitre par ses pairs. Les Montesquiou sont semble-t-il, mieux introduits à la Cour que la famille de Batz, de plus basse extraction et moins en vue.

Dès 1644, il rejoint à Paris, son frère aîné Paul, dans la compagnie des Mousquetaires, sous la houlette du Cardinal Mazarin. La compagnie est dissoute, peu de temps après par ce dernier en 1646 et d’Artagnan se voit, alors confier de nombreuses missions pour le compte du Royaume.

Le jeune roi Louis XIV, le prend ensuite à son service. En 1658, il est élevé au grade de sous-lieutenant, son supérieur n’est autre que le fameux duc de Nevers : Philippe Mancini-Mazarini (1641-1707) neveu du Cardinal.

Le mariage de d’Artagnan :

Il épouse le 3 avril 1659 , en l’Eglise Saint-André-des-Arts, à Paris Anne-Charlotte Boyer de Chanlecy(1624-1683), dame de Sainte-Croix , la riche veuve de Jean Leonor de Damas(+1654). De cette union vont naître deux fils portant le prénom royal de Louis: Louis l’Ainé(1660) et Louis le Cadet(1661).

En 1660, il accompagne le jeune souverain , au cours du long voyage qui le conduit jusqu’à Saint-Jean-de-Luz pour accueillir l’Infante Marie-Thérèse d’Espagne sa future épouse.

Mais d’Artagnan, occupé par ses nombreuses missions royales , chevauchant à travers tour le royaume de France délaisse véritablement son épouse, qui lasse aussi de ses nombreuses infidélités , finit par demander la séparation de corps.

D’Artagnan et Fouquet

En septembre 1661, le Roi, fou de jalousie lui confie la délicate mission d’appréhender une personnalité de haut-rang : Nicolas Fouquet, ministre d’Etat, surintendant des finances de Louis XIV. Fouquet est ainsi arrêté ,sur ordre royal, à Nantes et conduit en prison. D’Artagnan sera durant toutes les années qui vont suivre le geôlier personnel du surintendant de 1661 à 1680, date de la mort de ce dernier.

D’Artagnan et le Duc de Lauzun

En décembre 1671, le Roi confie à son cher d’Artagnan la mission d’arrêter le Duc de Lauzun, connu sous le nom d’Antonin Nompar de Caumont, victime d’une disgrâce causée par le venin de Madame de Montespan, alors favorite royale.

Athos, Porthos et Aramis … des mousquetaires de chair et d’os…

On a longtemps crû que les compagnons d’armes de d’Artagnan étaient tout droit sortis de l’imaginaire du Sieur Dumas! Faux, ces personnages ont bien existé et nous avons retrouvé leurs traces :

Le vrai Athos, s’appelait, en réalité Armand de Sillègue d’Athos d’Autevieille (1615-1645), il était bien dans une des deux compagnies de mousquetaires. Il meurt probablement tué au cours d’un duel.

Porthos, lui se dénommait Isaac de Porteau ou Portau (vers 1617-1643), natif de Pau, il est aussi mousquetaire du Roi.

Enfin Aramis, connu sous le vrai nom d’Henry d’Aramitz ou Aramits (vers 1620 – + en 1655 ou 1674) est un seigneur béarnais, mousquetaire du roi, il est aussi le cousin du fameux Monsieur de Tréville, commandant les mousquetaires à l’époque.

La mort tragique de d’Artagnan

Louis XIV a provoqué sciemment la guerre contre les Provinces-Unies depuis 1672, après plusieurs mois de batailles, le Roi à la tête d’une armée forte de 40 000 hommes mène le siège devant Maastricht, ville stratégique des Pays-Bas. Après plusieurs assauts héroïques , d’Artagnan tombe , frappé par le tir d’un mousquet hollandais qui le blesse mortellement en lui traversant la gorge.

Ce qui fera dire à Juliani de Saint-Blaise:  « D’Artagnan et la gloire ont le même cercueil ». Ce siège aurait coûté la vie à plus d’une centaine d’hommes de valeur, selon Vauban.

Alors : « Un pour tous et tous pour un »