Christian Chandon, généalogiste successoral et juriste à la société Coutot-Roehrig, nous propose régulièrement la généalogie d’une personne célèbre. Aujourd’hui il nous invite sur les traces de Jacques TATI.


Jacques Tati est l’un des cinéastes les plus originaux et burlesques du cinéma français. Sa filmographie comprend seulement six long-métrages : Jour de fête (1949), Les Vacances de Monsieur Hulot (1953), Mon Oncle (1958), Playtime (1967), Trafic (1971) et Parade (1974). Même s’ils ne furent pas toujours bien accueillis et parfois accouchés dans la difficulté, chacun de ses films demeure aujourd’hui comme un classique du cinéma français, aussi irréductiblement original et unique que la silhouette dégingandée de leur auteur.

Celui-ci s’est éteint il y a quarante ans, le 4 novembre 1982 à Paris. Il était âgé de 75 ans.

Nous vous proposons de découvrir pour l’occasion, à travers cette nouvelle rubrique l’impressionnante et non moins surprenante galerie d’ancêtres qui ont contribué à la naissance de ce génie de l’humour filmé.

Une lignée de Russes blancs issus des Princes de Smolensk :

Jacques Tatischeff, dit « Tati » (nom qu’il porte depuis 1945), est né le 9 octobre 1907 au Pecq, dans les Yvelines.

Son père est Georges Emmanuel Tatischeff (1875-1957) et sa mère Marcelle Van Hoof (1883-1968). Jacques arrive dans la famille deux ans après sa soeur aînée Nathalie (1905). Son père a repris l’entreprise des Van Hoof, dans le secteur de l’encadrement de tableaux. Il a d’ailleurs, pignon sur rue, à Paris Place Vendôme.

Mais Georges Emmanuel est aussi le fils naturel du Comte Dimitri Tatischeff (1824-1878), général de l’armée du Tsar et attaché militaire de l’ambassade russe à Paris et d’une marchande de café, Rose Anathalie Alinquant (1837-1903). Par son père, la lignée prestigieuse des Tatischeff puise ses racines profondes dans la Russie impériale, mais aussi chez les Princes de Smolensk, les Princes de Novgorod, liés à Kiev, en Ukraine. On découvre ainsi dans cette généalogie prolifique des princes mais aussi des tsars, ainsi que des princesses anglaises et suédoises.

La lignée oisienne des Alinquant :

Plus modeste, l’ascendance de la grand-mère paternelle de Jacques Tati, nous emmène en revanche dans des terres plus connues au Courrier picard, puisqu’elle se situe dans la région de Compiègne et de Verberie, dans l’Oise La famille Aliquant a donné de simples laboureurs, des couvreurs, des bourreliers ou encore des cordonniers. Ceux-ci nouent, à travers les siècles, boncnombre d’alliances avec des familles du coin, commecles Olive, les Parrain, les Lemoine, les Bourset ou encorecles Dubucquoy.

La lignée maternelle italo-néerlandaise des Van Hoof-Rizzi :

Du côté maternel, on repart vers l’étranger. La mère de Jacques Tati, MarcelleA Claire Van Hoof (1883-1968), bien que native de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) est d’origine néerlandaise mais aussi italienne. Elle est la fille de François Van Hoof (1845-1911) encadreur et de Teresa Maria Rizzi (1859-ap 1911). Pour l’anecdote, c’est ce même François Van Hoof qui refusa que Van Gogh lui paye des travaux d’encadrement avec ses tableaux !

Les Van Hoof tirent leur origine de Maastricht, Anvers et Wouw dans le Brabant néerlandais. On note également des alliances avec des familles de localités proches comme les Kersemackers, les Durlinger, les Rompen, les Niesten ou encore les Jongen, Gilissen et Wauters.

Des ancêtres en Italie, dans les Yvelines et en Eure-et-Loir :

La grand-mère maternelle de Jacques Tati est donc Italienne.

Elle se nomme Teresa Maria Rizzi (1859-1936) et elle originaire de la ville de Bardi, dans la région de Parme, en Emilie-Romagne où ses ancêtres étaient cordonniers. Mais ces origines transalpines ramènent aussi vers ancêtres français, originaires de l’Eure-et-Loir.

Cette même grand-mère avait également des racines dans les Yvelines, à Saint-Germain-en Laye où les Bonnaire étaient faiseurs de bas. Une autre famille nommée Pignot, issue de Raizeux dans les Yvelines compte parmi cette ascendance française. Deux autres familles : les Barré et les Dupiage font également partie de cette ascendance eurélienne, la première était établie à Mévoisins et Maintenon, la seconde à Houx.

La postérité de Jacques Tati : Durant l’été 1942, Tati fait la rencontre d’une jeune femme d’origine autrichienne, Herta Schiel (1920-2005), danseuse dans un cabaret parisien. De cette union naîtra une petite fille nommée Helga Schiel, que Jacques Tati refusera de reconnaître. Il épousera en revanche, deux ans plus tard, Micheline Winter (1924-1991). Le couple aura deux enfants Sophie (1946-2001) et Pierre (1949-1995). Les deux enfants suivront les traces, cinématographiques de leur père.

Sophie, qui reprendra son nom entier de Tatischeff se fera connaître comme monteuse et réalisatrice de trois courts-métrages. Mais elle s’investira aussi pour préserver l’oeuvre de son père. En 2001, elle crée avec Jérôme Deschamps (par ailleurs son cousin, décidément une famille très crédible) et Macha Makeïeff la société des Films de mon oncle qui rachète les droits des films de Jacques Tati afin de les ressortir en copie restaurée. Son frère, Pierre, lui sera producteur de films.

Finissons par cette réflexion de Tati, pleine d’humilité sur le 7e art : « Le cinéma, c’est un stylo, du papier et des heures à observer. »